vendredi 18 avril 2014

Un tout petit rien, Camille Anseaume


Quatrième de couverture

" On n'a ni projets ni même le projet d'en avoir. Le plus gros engagement qu'on ait pris ensemble, c'était de se dire qu'on s'appellerait en fin de semaine. C'était quand même un mardi. On s'aime surtout à l'horizontale, et dans le noir, c'est le seul moment où on n'a plus peur de se faire peur, où on ose mélanger nos souffles sans redouter que l'autre se dise que ça va peut-être un peu vite. C'est beaucoup plus que sexuel, c'est beaucoup moins qu'amoureux. C'est nos culs entre deux chaises, c'est suffisant pour faire semblant de faire des bébés, pas pour en avoir. " Avec un humour et une justesse remarquables, Un tout petit rien raconte l'histoire d'un choix. Le choix que fera une jeune femme enceinte de l'homme qui partage ses nuits, mais pas beaucoup plus. Un très joli roman, aussi intime qu'universel, sur le passage mouvementé d'une existence à une autre.

Mon avis

Une femme enceinte par accident et qui ne sait pas quoi faire ? On peut presque dire que c'est courant de nos jours... Heureusement chaque femme est dans la possibilité de faire un choix. Garder le bébé ou non. Ce livre ici raconte ce périple. La jeune femme, Camille (qui notons se nomme comme l'auteur : Coincidence ? Hmm) tombe enceinte d'un homme qui ne semble pas prêt à s'engager. D'un autre côté, elle n'a pas l'air de l'être non plus.

Le livre décrit tout au long des pages le choix que Camille va devoir faire et l'on comprends bien que celui-ci s'avère difficile de différentes manières. Dès le début la jeune femme ne souhaite qu'une chose : que le test soit négatif et qu'elle n'ait pas de choix à faire. "Alors ? Alors tout va bien donc tout va mal, puisque tout irait bien si rien n'allait bien". Cette écriture agréable et comique est mêlée à une familiarité et une absurdité des phrases qui traduit comme un malaise chez cette femme qui a du mal à exprimer ses sentiments et les choix qu'elle veut faire mais qu'elle n'arrive pas à faire. Après tout, elle n'a jamais vraiment pris une quelconque décision, jusqu'au bout...

Est traduit alors le long de l'histoire le contraste entre le rêve d'une petite fille qui veut devenir maman et le cauchemar d'une adulte qui comprends toutes les conséquences que cela entraîne. Pendant la grossesse, elle est dans l'incertitude. Elle passe son temps à souhaiter une fausse couche pour le lendemain s'excuser d'avoir voulu une chose pareille. Mais ce n'est pas tout : non seulement on voit la difficulté du choix, mais on découvre aussi la position des personnes extérieures qui restent dans l'incompréhension et ne savent pas réellement comment réagir face à cette femme dans une telle "situation".

Le livre est agencée comme une sorte de journal intime, et Camille parle à son enfant comme s'il était déjà présent dans sa vie. Elle lui parle de manière douce, avec un humour particulier, dans un langage qui sous-entend une relation avec un amant et non pas avec un enfant. Dès le début même, on a une personnification du test de grossesse qui suggère malgré tout une complicité indéniable

Au final ce qui me semble être le plus délicat c'est la relation avec la mère. C'est principalement elle qui veut pousser la jeune femme à l'avortement, et on comprends vite pourquoi. La mère semble avoir vécu des choses particulièrement douloureuses voir sa fille enceinte semble raviver la douleur. C'est un peu égoïste, mais la mère souhaiterait voir sa fille souffrir, tout comme elle, plutôt que de la voir s'épanouir dans un rôle de maman.

"Faire le choix de poursuivre cette grossesse, c'était me désolidariser, ne pas saisir sa main tendue, ignorer ses appels silencieux qui me suppliaient de la rejoindre dans le vide infini qu'avait crée en elle la sensation de donner la mort, alors qu'elle devait donner la vie."

Même si la femme est indécise, on découvre un véritable instinct maternel qui se développe, comme si malgré tout elle devait aimer son bébé et c'est bien ce qu'il se produit. Elle souhaite montrer sa grossesse à tout le monde même si le jour d'avant, elle paniquait encore à l'idée d'élever un enfant sans son père. On ne sait pas ce que celui-ci veut réellement, même s'il n'est jamais réellement présent tout au long de l’œuvre. 

Toutes ces interrogations sont présentées ici par Camille Anseaume, et elle réussit malgré la difficulté à donner une sorte de réponse qui permet d'avancer malgré les choix difficiles qui nous sont donnés à faire tout au long de notre vie. C'est un roman particulièrement agréable à lire avec un humour décalé que personnellement j’apprécie énormément

LadyMisory 

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